السبت، 20 أكتوبر 2012

Dynastie des Saadiens


Au début du xvie siècle, les Saadiens44 ou Sa`dides45 dirigent des tribus venues de la vallée du Draâ, exaspérées par les offensives chrétiennes, qui se révoltent contre les Berbères wattassides et les chassent du pouvoir. Les Saadiens, appelés parfois Zaydanides [7], constituent une dynastie arabe chérifienne originaire de la vallée du Draâ. Elle arrive au pouvoir en 1511 avec le sultan Abou Abdallah Mohammed et choisit Marrakech pour capitale définitive après Taroudant. À partir de 1554 elle contrôle l'ensemble du Maroc, alors que le Maghreb central et oriental est sous la domination des Ottomans. Mohammed ech-Cheikh est un adversaire résolu du sultan-calife ottoman Soliman le Magnifique. Pour conjurer la menace exercée par les gouverneurs turcs d'Alger, le sultan saadien n'hésite pas à chercher l'alliance des Espagnols qui occupent Oran et lui permettent de s'emparer de Tlemcen. Malgré un raid dévastateur contre Fès les troupes ottomanes ne pénètrent pas vraiment l'intérieur du territoire marocain, et les Saadiens peuvent étendre leur occupation sur le nord-ouest algérien46. La diplomatie de Mohammed ech-Cheikh lui vaut l'inimitié tenace de la Sublime Porte. En effet, en 1557 des assassins à la solde du pacha turc Hasan Corso décapitent le sultan marocain et envoient sa tête en trophée à Istanbul, où Soliman peut contempler ainsi son implacable ennemi de l'ouest. Ce meurtre n'a cependant pas d'incidence sur le front militaire et consolide même les assises de la dynastie saadienne47.
L'apogée de cette dynastie se situe sous Ahmed al-Mansur Saadi (1578-1603) qui, tout en maintenant l'indépendance marocaine face à Istanbul, établit un État fort dont la force militaire s'inspire des innovations ottomanes (organisation de régiments et de logistiques sur le modèle turc). Après la conquête de l'Empire songhaï en Afrique de l'Ouest par le général Yuder Pacha en 1591, le Mali constitue le pachalik marocain de Tombouctou et de Gao, principal pourvoyeur d'or du makhzen saadien qui dispose ainsi des moyens de sa politique de prestige. Le sultan al-Mansur établit une alliance stratégique avec l'Angleterre d'Élisabeth Ire, dirigée contre l'Espagne de Philippe II. Ahmed al-Mansur développe également la culture de la canne à sucre notamment dans la région de Chichaoua et dans le Souss. Le sucre marocain exporté en Europe devient une source importante de revenus pour le makhzen, tout comme les produits subsahariens (l'ivoire et surtout l'or de la vallée du fleuve Niger, néanmoins concurrencé par l'or en provenance de l'Amérique espagnole). Toujours sur la scène africaine, Ahmed al-Mansur met en avant ses prérogatives califales de commandeur des croyants et se fait reconnaître comme tel jusqu'au Tchad par le royaume du Kanem-Bornou en 158248.
Marrakech retrouve une partie de sa gloire de l'époque almohade. Les sultans font bâtir des médersas (la célèbre medersa Ben Youssef), des mosquées, réaménagent les jardins (comme celui de la Ménara), mais c'est surtout le fabuleux palais El Badi, réalisé en matériaux précieux, qui contribue au rayonnement de la capitale saadienne et à la réputation fastueuse de la dynastie. L'attrait culturel pour le Maroc s'exprime jusqu'en Europe avec les écrits d'Agrippa d'Aubigné mais encore avec William Shakespeare et son Othello. Ahmed al-Mansur, qui maîtrise parfaitement l'italien (appris au cours de son exil de jeunesse à Alger), entretient une correspondance avec Élisabeth Ire, Henri III et Henri IV, et se montre fort intéressé par les dernières avancées techniques de l'Occident. Le prestige des Saadiens auprès des chancelleries européennes remonte à la Bataille des Trois Rois, le 4 août 1578, au cours de laquelle les troupes commandées par Abu Marwan Abd al-Malik mettent en déroute la croisade portugaise du roi Sébastien Ier du Portugal, marquant ainsi la fin définitive des grandes offensives ibériques contre le Maghreb.

0 التعليقات:

إرسال تعليق