السبت، 20 أكتوبر 2012

Dynastie des Alaouites


Les Alaouites (al-Alaouiyoune) (à ne pas confondre avec les Alaouites de Syrie), au pouvoir au Maroc depuis le xviie siècle, sont originaires du Tafilalet. D'après la légende les Alaouites descendent de Mohamed Nefs Zakiya (« Âme Pure »), lui-même fils de Abdallah El-Kamil, fils de Hassan El-Mouthanna, fils de Hassan Sibt, fils aîné d'Ali Ibn Abi Talib, gendre et cousin du prophète de l'islam, Mahomet. Mohamed Nefs Zakya fut proclamé Mahdi en 737 et tué au combat en 762. Théologien éminent, il a laissé la réputation d'un saint homme et vécut sous le règne du calife Al-Mansour. Les Chérifs alaouites se disent originaires de Yanboâ an-Nakhil, une oasis située dans la péninsule arabique, appelés à venir au Maroc par de nobles pèlerins berbères du Tafilalet au xiiie siècle : Hassan Dakhil, se réclamant 21e descendant du prophète Mahomet, 17e descendant de Nefs Zakya, se serait installé alors en 1266 à Sijilmassa. Son 5e descendant, Moulay Mohamed ben Cherif, est le père du premier sultan de la dynastie alaouite, Moulay Rachid ben Chérif.


Intérieur de la Mosquée Hassan II, construite par le roi alaouite du même nom.
Lointains descendants d’Ali, gendre du prophète de l'islam, Mahomet, cette dynastie gouverne aujourd’hui encore le Royaume du Maroc. Originaires du Tafilalet, leur fondateur n’est autre que Moulay Ali Chérif du Maroc qui, en 1631 règne sur sa région natale. Après sa mort prématurée en 1636, son successeur décide de reprendre les rennes et continue ce que son père avait commencé. Prenant les devants, il va prendre le pouvoir aux Saadiens de façon stratégique. Son frère, Moulay Rachid, va l’aider en s’emparant du Rif et de Fès. Les rivaux potentiels, comme la zaouïa de Dila et le Tazeroualt des Semlalides, entités à base théocratique et tribale, sont vaincus et soumis. Moulay Rachid deviendra sultan en 1666 et écrasera les révoltes qui sévissent à Marrakech. Une chute de cheval qui lui est fatale projette son successeur, Moulay Ismail à la tête du sultanat en 1672. Cette date rime avec autorité, le nouveau sultan purge à coups de sévères répressions toute forme d’opposition à son régime. Ce qui permettra enfin à l'Empire chérifien d'accéder à la puissance, à la sécurité et à la crédibilité auprès de ses protagonistes étrangers. Moulay Ismaïl forme une grande armée composée essentiellement d'esclaves-soldats noirs originaires du Sénégal, du Mali et de Guinée (les Abid al-Bukhari, équivalent marocain des Janissaires et des Mamelouks de l'Empire ottoman) et de soldats issus de tribus militaires arabes comme les Oudayas. Grâce à cette force dont l'effectif atteint 150000 hommes49, Moulay Ismail chasse les Ottomans venus d’Algérie qui tentent d'occuper Oujda, les Espagnols qui tenaient Larache et Asilah et les Anglais installés à Tanger. Les prisonniers de guerre seront détenus dans la célèbre prison de Meknès, sa capitale, et leur rançon permettra de financer d’importantes rénovations. Parallèlement, le Maroc se tourne vers les puissances étrangères et nouera des relations diplomatiques et commerciales avec ces dernières. L’une des plus connue étant la demande de mariage avec l’une de filles de Louis XIV, la princesse de Conti (Marie Anne de Bourbon (1666-1739)). La mort du célèbre sultan entraînera une nouvelle période de troubles internes. La famine et la peste font des ravages parmi la population. Sept fils de Moulay Ismail tentent de se faire reconnaître comme souverains de l'Empire chérifien, mais sont périodiquement renversés par les Abids tandis que l'anarchie gagne les tribus, les provinces et les villes aux ambitions autonomistes. L'anarchie ou siba gagne en importance et met à mal l'autorité d'un makhzen affaibli par les querelles dynastiques.
Mais en 1757 la montée de Mohammed III du Maroc au trône, un profond croyant dont le principal souci est le développement de son sultanat, amorce le début d’une nouvelle ère. Alors que Moulay Ismaïl était intransigeant et ferme, Mohammed III penchait plus pour une politique plus souple. Il allège les impôts et conclut la paix avec les Espagnols après avoir repris Mazagan aux Portugais. Tout aussi soucieux de l’économie, il signe des traités commerciaux avec le Danemark, la Suède, l’Angleterre, l'Espagne, le royaume de Naples, la République de Venise et les jeunes États-Unis. Le Maroc est d'ailleurs le premier pays à reconnaître l’indépendance américaine. Moulay Yazid Ben Abdallah règne deux ans sur l'empire après la mort de Mohammed III en 1790. Ses successeurs subissent la politique expansionniste européenne, et de par ce fait participent avec les Algériens dans leurs guerre contre la France (Bataille d'Isly et défaite en 1844, puis guerre hispano-marocaine de 1860). Ces tensions avec les puissances occidentales se poursuivront durant plus de trente ans. Et le Maroc, en jouant habilement des rivalités étrangères, parviendra tant bien que mal à préserver son indépendance, du moins jusque sous le règne de Hassan Ier.
En 1906, la Conférence d’Algésiras placera le Maroc sous contrôle international et accordera à la France des droits spéciaux50. Ces droits sont néanmoins contestés par l'Allemagne de Guillaume II, qui convoite l'Empire chérifien et se heurte aux appétits français (affaires marocaines de la crise de Tanger et du coup d'Agadir en 1905 et 1911).


après le Traité de Fès.
Avec le Traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien à l’issue d’âpres négociations entre Berlin et Paris, le pays devient un protectorat espagnol au Nord et au Sud, tandis que le centre revient à la France. Dans le système de protectorat, le sultan et le makhzen traditionnel sont maintenus, mais la réalité du pouvoir appartient au résident général et au haut-commissaire, qui représentent respectivement la puissance de tutelle française à Rabat et espagnole à Tétouan. La ville de Tanger constitue une zone internationale. Ce système est contesté par le mouvement nationaliste à partir des années 1930, et surtout à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
Le Maroc accède officiellement à l'indépendance en 1956.
Le pays redevenu royaume se trouve confronté dès lors à des enjeux d'ordre politiques, économiques et sociaux ; il se doit en effet supporter sa nouvelle économie et surmonter les difficultés dues à l’indépendance. En 1961, Mohammed V décéde, laissant le trône à son fils Hassan II.
En 1963, lors de la Guerre des sables, il s'oppose à l’Algérie . Le pays est marqué en 1965 par les émeutes de 1965 à Casablanca et bascule dans l’"état d’exception" jusqu’en 1970. Les deux ans qui suivront seront marqués par deux coups d’état militaires avortés, à l’issue desquels la constitution est modifiée. En novembre 1975, l’ensemble des partis politiques joignent leurs efforts au souverain dans son projet de Marche Verte. Au fil du temps, le royaume retrouvera sa stabilité politique. Durant les deux dernières décennies du xxe siècle, une succession d'années de sècheresses entraîneront une crise économique et sociale. Le Roi Hassan II décède en juillet 1999. Son fils, Mohammed VI, lui succède. Douze années après le début de son règne, le Maroc est touché en 2011 par le printemps arabe et connaît une série de manifestations populaires, Le roi fait alors approuver une nouvelle constitution par référendum. Les élections législatives qui s'ensuivent sont remportés par les islamistes du PJD.

République du Bouregreg (1627 - 1668)


L'éphémère République du Bouregreg, connue aussi sous le nom de République de Salé, fut une république maritime, qui a existé à l'embouchure du fleuve Bouregreg durant la période allant de 1627 à 1668. Elle était formée des trois cités : Salé, Rabat et la Kasbah (aujourd'hui quartier de Rabat), où siégeait le diwan. Le développement de ces deux dernières cités, situées sur la rive gauche de l'embouchure du Bouregreg, est à l'origine de l'actuelle ville de Rabat, appelée alors « Salé-le-Neuf ».
Ce petit État est parfois appelé République des pirates du Bou Regreg, car il s'agissait effectivement d'une association de pirates, ou tout au moins de corsaires. Née de l'arrivée des musulmans (habitants d'Hornachos tout d'abord, puis Morisques andalous) expulsés par décision du roi d'Espagne, cette communauté de pirates, à l'abri des attaques derrière les hauts-fonds protégeant l'entrée de l'embouchure du Bouregreg, prospéra en attaquant des navires et en effectuant des raids jusqu'en Cornouailles, et même en Islande. Elle laisse au Royaume-Uni le souvenir des Sallee Rovers (« les écumeurs des mers de Salé »), comme en témoignent les aventures de Robinson Crusoé, captif des corsaires de Salé.

Dynastie des Saadiens


Au début du xvie siècle, les Saadiens44 ou Sa`dides45 dirigent des tribus venues de la vallée du Draâ, exaspérées par les offensives chrétiennes, qui se révoltent contre les Berbères wattassides et les chassent du pouvoir. Les Saadiens, appelés parfois Zaydanides [7], constituent une dynastie arabe chérifienne originaire de la vallée du Draâ. Elle arrive au pouvoir en 1511 avec le sultan Abou Abdallah Mohammed et choisit Marrakech pour capitale définitive après Taroudant. À partir de 1554 elle contrôle l'ensemble du Maroc, alors que le Maghreb central et oriental est sous la domination des Ottomans. Mohammed ech-Cheikh est un adversaire résolu du sultan-calife ottoman Soliman le Magnifique. Pour conjurer la menace exercée par les gouverneurs turcs d'Alger, le sultan saadien n'hésite pas à chercher l'alliance des Espagnols qui occupent Oran et lui permettent de s'emparer de Tlemcen. Malgré un raid dévastateur contre Fès les troupes ottomanes ne pénètrent pas vraiment l'intérieur du territoire marocain, et les Saadiens peuvent étendre leur occupation sur le nord-ouest algérien46. La diplomatie de Mohammed ech-Cheikh lui vaut l'inimitié tenace de la Sublime Porte. En effet, en 1557 des assassins à la solde du pacha turc Hasan Corso décapitent le sultan marocain et envoient sa tête en trophée à Istanbul, où Soliman peut contempler ainsi son implacable ennemi de l'ouest. Ce meurtre n'a cependant pas d'incidence sur le front militaire et consolide même les assises de la dynastie saadienne47.
L'apogée de cette dynastie se situe sous Ahmed al-Mansur Saadi (1578-1603) qui, tout en maintenant l'indépendance marocaine face à Istanbul, établit un État fort dont la force militaire s'inspire des innovations ottomanes (organisation de régiments et de logistiques sur le modèle turc). Après la conquête de l'Empire songhaï en Afrique de l'Ouest par le général Yuder Pacha en 1591, le Mali constitue le pachalik marocain de Tombouctou et de Gao, principal pourvoyeur d'or du makhzen saadien qui dispose ainsi des moyens de sa politique de prestige. Le sultan al-Mansur établit une alliance stratégique avec l'Angleterre d'Élisabeth Ire, dirigée contre l'Espagne de Philippe II. Ahmed al-Mansur développe également la culture de la canne à sucre notamment dans la région de Chichaoua et dans le Souss. Le sucre marocain exporté en Europe devient une source importante de revenus pour le makhzen, tout comme les produits subsahariens (l'ivoire et surtout l'or de la vallée du fleuve Niger, néanmoins concurrencé par l'or en provenance de l'Amérique espagnole). Toujours sur la scène africaine, Ahmed al-Mansur met en avant ses prérogatives califales de commandeur des croyants et se fait reconnaître comme tel jusqu'au Tchad par le royaume du Kanem-Bornou en 158248.
Marrakech retrouve une partie de sa gloire de l'époque almohade. Les sultans font bâtir des médersas (la célèbre medersa Ben Youssef), des mosquées, réaménagent les jardins (comme celui de la Ménara), mais c'est surtout le fabuleux palais El Badi, réalisé en matériaux précieux, qui contribue au rayonnement de la capitale saadienne et à la réputation fastueuse de la dynastie. L'attrait culturel pour le Maroc s'exprime jusqu'en Europe avec les écrits d'Agrippa d'Aubigné mais encore avec William Shakespeare et son Othello. Ahmed al-Mansur, qui maîtrise parfaitement l'italien (appris au cours de son exil de jeunesse à Alger), entretient une correspondance avec Élisabeth Ire, Henri III et Henri IV, et se montre fort intéressé par les dernières avancées techniques de l'Occident. Le prestige des Saadiens auprès des chancelleries européennes remonte à la Bataille des Trois Rois, le 4 août 1578, au cours de laquelle les troupes commandées par Abu Marwan Abd al-Malik mettent en déroute la croisade portugaise du roi Sébastien Ier du Portugal, marquant ainsi la fin définitive des grandes offensives ibériques contre le Maghreb.

Liens avec Al-Andalus


En l’an 711, le gouverneur Moussa envoie son commandant Tariq ibn Ziyad à la conquête de l’Hispanie, qui est alors affaiblie par la division. Son armée est majoritairement berbère car il craint une révolte de ces derniers au Maghreb fraîchement conquis. Ils traversent le détroit de Gibraltar qui porte d’ailleurs aujourd’hui encore son nom d’étymologie arabe (Jebel Tariq en arabe, soit la montagne de Tariq) au nombre de 12 000 soldats. L’attaque musulmane est fulgurante et imprévue, toutes les contrées wisigothiques tombent l’une après l’autre, en quelques mois à peine, la plus grande majorité de la péninsule Ibérique est sous l’emprise musulmane. Les incursions arabo-berbères continuent tout de même en Occident, avec des raids et des sièges en Gaule (Prise de Narbonne en 719). Mais c’est là la fin de l’avancée inexorable de l’empire musulman, la contre-attaque Franc et les révoltes internes font essuyer à l’armée plusieurs défaites, notamment celle de Toulouse en 721 et celle de Poitiers en 732. En l’an 759, les Arabes et les Berbères sont définitivement chassés de Gaule avec la reconquête de la Septimanie par les Carolingiens.
Les révoltes berbères qui ont été l’une des principales causes de l’arrêt de la conquête en Occitanie continuent tout de même durant plus de quinze ans, parallèlement à des guerres de successions, des renversements de pouvoirs, etc. Cette période de trouble interne marque une sombre tache dans l’histoire d’Al andalus.


La Giralda, minaret de l'ancienne Grande mosquée de Séville construite sous les Almohades
Aussi insolite que cela puisse paraître, c’est le chaos qui a ramené l’ordre en Al-Andalus. Car à plus de 3 628 kilomètres de là, à Damas, la capitale de l’empire islamique, un coup d’État porté par les Abbassides contre les Omeyyades conduit au massacre de ces derniers. Mais il en reste encore un : Abd al-Rahman Ier, petit neveu du dernier Calife et légitime empereur. Il va fuir la mort et s’exiler en Al-Andalus. Né d’un père arabe et d’une mère berbère, il est l’homme idéal pour réunifier la péninsule Ibérique, c’est ce qu’il fait d’ailleurs en unifiant les tribus et en prenant le pouvoir. Il fonde alors l'Émirat de Cordoue en même temps qu’il se proclame Emir et instaure sa dynastie en 756. Petit à petit, l’émirat qui jouit enfin d’une stabilité politique prospérera. A un tel point que sous l’autorité du petit-fils d’Abd-al Rahman Ier : Abd al-Rahman III, l’Andalousie se coupe de l’autorité de Bagdad et transforme l’Emirat en Califat indépendant en 929. C’est alors l’apogée d’Al-Andalus, les arts et les lettres font partie inhérente de la culture andalouse, le roi Al-Hakam II (962-976) possédera la plus grande bibliothèque de l’époque. La grande mosquée de Cordoue est achevée, constituant ainsi l’une des plus grandes mosquées au monde et surtout l’une des plus belles et prestigieuses... Ainsi la paix aura duré plus de deux siècles en Hispanie musulmane… En 976, Al-Hakam II meurt en ne laissant pour seul héritier qu’un petit garçon de 11 ans. Le Califat est pris en main par Ibn Abi Amir, en attendant que le prince grandisse. Ibn Abi est surnommé (Almanzor, le victorieux المنصور ) pour son succès face aux royaumes chrétiens au nord. Mais à mesure qu’il réussit, il se sent de plus en plus important et tente d’imposer sa propre dynastie, provoquant une guerre civile avec les légitimistes. Les divergences politiques sont telles que l’Andalus se morcèle en une vingtaine de taïfas (minuscules parcelles de terres rivales). Nous sommes alors en 1031 et il faudra attendre cinquante-cinq ans encore pour voir Al-Andalus réunifiée.
En effet en 1086 alors que la Reconquista avance irrésistiblement en Andalousie morcelée, les Berbères Almoravides sont appelés à la rescousse par les taïfas. C’est à la fois une bonne et une mauvaise idée. Bonne parce qu’elle permet de freiner durablement la reconquista, mauvaise parce que les Almoravides prennent le pouvoir et dissolvent les taïfas, annexant les terres d’Al-Andalus à leur empire. Ainsi durant plus de 61 ans, une partie du Maghreb et d'al-Andalus ne feront plus qu’un. Mais en 1147, Al-Andalus sombre de nouveau dans une seconde période de taïfa, après la prise au pouvoir par les Almohades en Afrique du Nord. La nouvelle dynastie laissera à l’écart les taïfas pendant un moment pour s’occuper des territoires maghrébins, mais en 1163, ils se lancent à leur tour à l’assaut d’Al-Andalus et font fusionner pour une seconde fois une partie de l'Afrique du Nord et d'al-Andalus. Les Almohades repousseront nombre d’attaques chrétiennes, ce qui va inquiéter ces derniers et les unifier. Une croisade est alors lancée contre l’Al-Andalus almohade. En 1212, les armées musulmanes subissent une grave défaite à la bataille de Las Navas de Tolosa : c’est le début de la fin de l’Espagne musulmane désormais réduite au royaume nasride de Grenade. La perte de cette bataille fait s’effondrer l’empire almohade, Al-Andalus se voit une nouvelle fois plongé dans la période des taïfas… Mais les choses ont changé, alors qu’auparavant les taïfas survivaient grâce à la position de force des musulmans, aujourd’hui c’est le contraire, les croisés percent enfin les défenses musulmanes et s’approprient leurs territoires. Et aussi surprenant que ce soit, c’est un État militairement faible, l'émirat de Grenade, qui survivra encore plus de deux siècles à la Reconquista. Cette résistance s’explique sûrement par la peste noire en Europe qui détourne l’attention des royaumes chrétiens, mais aussi par le fait que les Mérinides depuis les côtes d’Afrique du Nord soutiennent activement le petit royaume nasride.


L'Alhambra de Grenade, forteresse musulmane en Andalousie, région restée huit siècles sous la domination des dynasties musulmanes
En 1492, sept siècles après la conquête musulmane de la péninsule Ibérique, le dernier royaume musulman en Espagne, Grenade, est conquis par les rois catholiques.
Dès le début des succès de la Reconquista au xiie siècle, certains Andalous avaient commencé à se replier vers le Maroc ; mais la majorité d'entre eux a été contrainte de quitter l'Espagne principalement en deux temps : à la chute de Grenade en 1492, et en 1609 avec l'expulsion des Morisques.
L'exode de ce peuple, que le pays devra intégrer dans ses tissus sociaux et économiques, va marquer un nouveau tournant dans la culture, la philosophie, les arts, la politique de ce dernier. Notons que de nombreux intellectuels et artistes andalous rejoindront les cours royales.
Cependant leur arrivée sera plus délicate dans certaines villes du Royaume. Ils vont soit habiter dans d'anciennes cités, soit en construire de nouvelles ; néanmoins, les Andalous se sont principalement installés dans le nord du pays, comme à Tanger, Tétouan, Oujda, Chefchaouen, mais aussi à Rabat, Salé et Fès.
Les Moriscos installés à Rabat (dite Salé-le-Neuf) et Salé (aussi dite Salé-le-Vieil) formèrent une république corsaire vivant de courses commerciales fructueuses qui les emmenèrent à négocier avec de nombreux États (Espagne, Portugal, France, Angleterre, Hollande, Islande...) ; le succès de ces courses commerciales rentables créa des jalousies en Occident.

Wattassides (1471-1554)


Les Wattassides, Ouattassides ou Banû Watâs, sont une tribu de Berbères zénètes comme les Mérinides. Cette tribu, qui serait initialement originaire de l'actuelle Libye, était établie dans le Rif, au bord de la Méditerranée. De leur forteresse de Tazouta, entre Melilla et la Moulouya, les Beni Wattas ont peu à peu étendu leur puissance aux dépens de la famille régnante mérinide (voir l'article détaillé sur les Wattassides). Ces deux familles étant apparentées, les Mérinides ont recruté de nombreux vizirs chez les Wattassides. Les vizirs wattassides s'imposent peu à peu au pouvoir. Le dernier sultan mérinide est détrôné en 1465. Il s'en suit une période de confusion qui dure jusqu'en 1472. Le Maroc se trouve coupé en deux avec, au sud, une dynastie arabe émergente, les Saadiens, et au nord un sultanat wattasside déclinant.
En 1472, les sultans wattassides ont perdu tous leurs territoires stratégiques et n'ont plus le contrôle du détroit de Gibraltar. Les Portugais prennent possession de Tanger en 1471 puis cèdent la ville à l'Angleterre en 1661 comme dot apportée par Catherine de Bragance à son époux Charles II d'Angleterre. Durant la domination portugaise (1471-1661, avec un intermède espagnol entre 1580 et 1640), Tanger constitue la capitale de l'Algarve d'Afrique, car il existe alors deux Algarves, celle d'Europe et celle d'Afrique, toutes deux considérées comme territoires relevant personnellement de la dynastie d'Aviz puis de la dynastie de Bragance (le roi du Portugal porte aussi le titre de roi des Algarves). Durant la domination anglaise, Tanger est une place forte stratégique, dotée d'un statut spécial et élisant des représentants à la Chambre des communes à Londres, mais l'entretien d'une garnison militaire importante se relève trop coûteux aux yeux de l'opinion anglaise42. Cela pousse Charles II à faire évacuer la place, qui est prise par les troupes marocaines du sultan Moulay Ismail en 1684.
Sous les règnes successifs d'Alphonse V, Jean II et Manuel Ier (période marquant l'apogée de l'expansion portugaise) l'Algarve africaine englobe presque tout le littoral atlantique marocain, à l'exception de Rabat et de Salé. Les Portugais contrôlent la portion côtière s'étendant de Ceuta à Agadir et à Boujdour, avec pour points de jalon les places fortes de Tanger, Asilah, Larache, Azemmour, Mazagan, Safi et Castelo Real de Mogador. Ces possessions forment des fronteiras, équivalent portugais des presidios espagnols, et sont utilisées comme escales sur la route maritime du Brésil et de l'Inde portugaise. Néanmoins la plus grande partie du Maroc portugais est reconquise par les Saadiens en 1541. La dernière fronteira de la Couronne lusitane est Mazagan, récupérée par les Marocains en 1769. Les Espagnols pour leur part s'attribuent la côte méditerranéenne avec les présides de Melilla et le rocher de Vélez de la Gomera, ainsi que la région de Tarfaya faisant face aux îles Canaries. Ils prennent également le contrôle de Ceuta à l'issue de la débâcle portugaise à la Bataille des Trois Rois qui se solde par l'Union ibérique (1580)43.
De cette époque émerge la figure étonnante de Mustapha Zemmouri, plus connu sous le nom d'Estevanico (ou Esteban le Maure), Marocain natif d'Azemmour revendu par les Portugais comme esclave à Andrés Dorantes de Carranza, et qui s'illustre par son exploration de l'Amérique du Nord dans les rangs des conquistadors espagnols au début du XVIe siècle.
Les Wattassides affaiblis donnent finalement le pouvoir à une dynastie se réclamant d'une origine arabe chérifienne (les Saadiens) en 1554.

Dynastie des Mérinides


Contrairement aux deux dynasties précédentes, la montée en puissance des Mérinides n’est pas à mettre sur le compte d’une démarche personnelle associable à un individu mais plutôt à l’affirmation collective d’une tribu. L’autre rupture que marque l’accession au pouvoir des Mérinides est l’abandon du leitmotiv de la purification religieuse au profit d’une conception de la conquête du pouvoir plus classique, plus conforme à l’identité tribale des protagonistes.


La Medersa de Salé, construite par les Mérinides.
La tribu en question est une tribu zénète dont les origines sont issues des Wassin38. Toujours est-il que les Beni Merin (ou Bani Marin) constituent tout au long du xiie siècle l’archétype d’une tribu berbère lambda, nomadisant entre le bassin de la Haute-Moulouya à l’ouest (entre Guercif et Missour) et le Tell algérien, au sud de Sidi bel Abbès à l’est. La première occurrence de la tribu des Beni Merin dans l'historiographie marocaine coïncide avec leur participation en tant que groupe à la bataille d'Alarcos (1196), bataille finalement remportée par le camp almohade. C’est à cette occasion que s’illustre Abd al-Haqq considéré comme le véritable fondateur de la dynastie mérinide. De retour au pays, la tribu retombe dans un anonymat relatif jusqu’à la cinglante défaite almohade de Las Navas de Tolosa à l’issue de laquelle les troupes Mérinides iront défaire 10 000 soldats almohades. À la suite de ce succès, les Mérinides s’installent temporairement dans le Rif, soutenus par des Miknassas sédentarisés au nord de Taza. Dès 1216, ils se faisaient payer tribut par les cités de Fès et Taza. Les Almohades soucieux de restaurer leur autorité sur tout leur territoire lancent de nombreuses contre-offensives, le plus souvent vaines. C’est au cours d’une de ces manœuvres que décède Abd al-Haqq. Son fils Uthman ben Abd al-Haqq lui succède. Dès 1227, toutes les tribus entre le Bou Regreg et la Moulouya ont fait allégeance aux Mérinides. En 1240, Uthman ben Abd al-Haqq décède, assassiné par son esclave chrétien. C’est son frère Muhammad ben Abd al-Haqq qui lui succède, assiégeant avec un succès relatif Meknès. Il décède en 1244, tué par des milices chrétiennes au service des Almohades. Au milieu de la décennie 1240, les troupes Almohades sont mises en déroutes à Guercif. Les Mérinides s’engouffrent alors dans la très stratégique Trouée de Taza, tremplin qui leur permit d’entreprendre le siège de Fès en août 1248 et d’envisager la prise de toute la moitié nord du Maroc. Mais la moitié sud n’est pas en reste. Abu Yahya ben Abd al-Haqq ayant précédemment succédé joue des amitiés traditionnelles des Beni Merin avec les Béni-Ouaraïn du Moyen Atlas et d’autres tribus du Tafilalet pour contrôler les oasis et détourner les revenus du commerce transsaharien de Marrakech vers Fès, désignée comme capitale mérinide.
En 1258, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq succède à son frère enterré dans l’antique Nécropole de Chella qu’il avait commencé à réhabiliter39. Le début de son règne est marqué par une lutte avec son neveu qui réclamait la succession. Ce dernier parvient à prendre Salé. La situation à l’embouchure du Bou Regreg profite à la Castille qui prendra la cité en otage durant deux semaines. L’ouest du Rif fut également en proie à de nombreuses insurrections Ghomaras tandis que Ceuta et Tanger étaient alors aux mains d’un sultan indépendant, un dénommé El Asefi. Rapidement le nouveau souverain exprima son désir d’en découdre rapidement avec les Almohades retranchés dans le Haouz, l’est des Doukkala et une partie du Souss. Une première tentative en ce sens se solda par un échec en 1262. Les Almohades pressèrent alors les Abdalwadides d’attaquer leurs rivaux Mérinides par surprise. Yghomracen, célèbre souverain abdalwadide fut défait en 1268. L’année suivante, Marrakech fut définitivement prise40.


Medersa Bou Inania de Fès
Durant les années qui suivirent, il bouta les Espagnols hors de tous leurs établissements atlantiques jusqu’à Tanger. En 1276, Fès, nouvelle capitale du royaume se voit augmentée d’un nouveau quartier, à l’écart de l’ancienne ville, où se côtoient notamment le nouveau palais royal et le Mellah. C’est Fès El Jedid. Globalement la ville connaîtra sous l’ère mérinide un second âge d’or, après celui connu sous les Idrissides. Après la pacification totale du territoire et la prise de Sijilmassa aux Abdalwadides, le sultan franchit le détroit et tente de reconstituer la grande Andalousie musulmane des Almohades. Les entreprises espagnoles des Mérinides furent complexes mais n’accouchèrent que de peu de résultats concrets. À la suite du siège de Xérès, un traité de paix stipulant le retour de nombreux documents et ouvrages d’art andalous (tombés aux mains des chrétiens lors des prises de Séville et Cordoue) vers Fès. En 1286, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq décède à Algésiras. Il est inhumé à Chella. Son fils Abu Yaqub Yusuf39, plus tard dit an-nāsr, lui succède et se voit confronté dès son intronisation à un durcissement des révoltes dans le Drâa et à Marrakech et à un désaveu de certains membres de sa famille, s’alliant tantôt avec les Abdalwadides ou les révolté. Il rendit Cadix aux Nasrides de Grenade en guise de bonne volonté mais 6 ans plus tard, en 1291, ces derniers, alliés aux Castillans dont ils sont les vassaux, entreprennent de bouter définitivement les Mérinides de la Péninsule Ibérique. Après quatre mois de siège, Tarifa est prise par les Castillans. Mais les yeux d’Abu Yaqub Yusuf an-Nasr sont plutôt rivés sur Tlemcen, capitale des éternels rivaux des Beni Merin que sont les Abdalwadides. Il se dirige vers Tlemcen à la tête d’une armée cosmopolite puisqu’essentiellement composée de mercenaires chrétiens (Castillans et Aragonais principalement), de Turkmènes Oghouzes et de Kurdes. Le siège durera 8 ans et se poursuivra jusqu’à l’assassinat du souverain, des mains d’un des eunuques de son harem, en 1307.
Jusqu’à l’avènement d’Abu al-Hasan ben Uthman en 1331, la dynastie est marquée par une forme de décadence dont les principaux symptômes sont la multiplication :
Des querelles de succession
Des révoltes populaires (des difficultés dans le Rif, à Ceuta et Tanger se surajoutèrent au climat insurrectionnel croisant à Marrakech et dans le Souss)
Des révoltes militaires (c’est la première fois dans l’histoire du Maroc que les généraux de l’armée royale auront leur mot à dire dans la gestion des affaires royales).
En 1331 donc, Abu al-Hasan ben Uthman succède à son père, quelques mois seulement après avoir obtenu son pardon. Rapidement, l’obsession de ses aînés pour Tlemcen le rattrape. Il entame un nouveau siège sur la ville qui s’avèrera vain. Il évince ceux qui dans son entourage familial le jalousent mais sait faire preuve d’une grande dextérité dans sa gestion des ambitions tribales. Tlemcen tombe enfin en 1337. Abu al-Hasan ben Uthman est auréolé de gloire. Cette victoire lui ouvre la voie du Maghreb médian mais avant de s’engouffrer dans cette brèche ouverte en direction d’Ifriqiya, le souverain tient à venger la mort de son fils Abu Malik, surpris par les Castillans après son succès à Gibraltar en 1333. La bataille de Tarifa, le 30 octobre 1340 se solde par une lourde défaite qui signera la fin définitive des ambitions marocaines en terre espagnole. Sept années plus tard, le sultan et ses armées parviennent à soumettre l’Ifriqiya. L’année suivante pourtant, les Mérinides essuient une cuisante défaite à Kairouan. L’écho de la déconvenue est grand, au point que nait et se répand une folle rumeur selon laquelle Abu l’Hassan serait mort au combat. À Tlemcen, Abu Inan Faris est alors intronisé. C’est de sa volonté qu’émanera la construction de la medersa Bou Inania de Fès. Il a d’ailleurs également parachevé la construction de la Medersa Bou Inania de Meknès, entamé par son aîné. Ce dernier tentera un vain retour via Alger puis Sijilmassa. Il est finalement défait et tué par les armées de son fils sur les rives de Oum Errabiaa. Abu Inan Faris, profondément chagriné par ce décès, tentera alors de faire asseoir son autorité sur l’ensemble du royaume, de nouveau fragilisé par la recrudescence des volontés insurrectionnelles. Il s’entoure à ces fins d’Ibn Khaldoun, penseur de génie et véritable précurseur de la sociologie moderne. Son neveu, maître de Fès, est exécuté, mais à l’occasion de ce déplacement au Maroc, c’est Tlemcen qui se soulève. Une intense campagne permet un certain regain de vigueur des Mérinides mais Abu Inan est étranglé des mains d’un de ses vizirs, un certain al-Foudoudi, le 3 décembre 1358, neuf ans seulement après son accession au pouvoir.


Mansourah, ancien fief mérinide lors du siège de Tlemcen en Algérie
L’anarchie est alors à son paroxysme. C’est le premier grand déclin de la dynastie. Chaque vizir tente de porter sur le trône le prétendant le plus faible et manipulable. Les richesses patiemment accumulées par les souverains précédents sont pillées. Un premier prétendant venu de Castille parvient à se soustraire pour un temps à ce diktat des vizirs. Il s’appelle Abû Ziyân Muhammad ben Ya`qûb plus simplement appelé Muhammad ben Yaqub. Reconnu et acclamé dans le nord du Maroc, il règne à partir de 1362 sur un royaume dont seule la moitié nord (de la Tadla aux contreforts méridionaux du Rif) est demeurée loyale à l’autorité mérinide. Tout au long de son bref règne, il tentera de faire évincer un à un les vizirs jugés encombrants mais c’est des mains d’un de ces derniers, le grand vizir Omar, qu’il périra en 1366. Omar désincarcère alors le fils d’Abu l’Hasan, Abu Faris Abd al-Aziz ben Ali ou plus simplement Abd al Aziz. Après avoir réussi le tour de force d’évincer bon nombre de vizirs dont celui qui l’a porté au pouvoir, il parvient à mater le pouvoir parallèle en place à Marrakech (pouvoir dit d’Abou l'Fadel, vaincu en 1368). Il parvient à asseoir son autorité en pays Hintata, puis dans le Souss et à Sijilmassa. En 1370, Tlemcen, où s’était reconstitué le pouvoir abdalwadide, retombe aux mains des Mérinides. Mais deux ans plus tard seulement, il s’éteint. Le royaume est à nouveau scindé en deux, les zaouïas prenant le pouvoir à Marrakech. La peste noire se fait dévastatrice.
S’ensuivent 21 années de déclin durant lesquelles se multiplient les intrigues dynastiques, les coups politiques des différents vizirs, les ingérences nasrides et de vaines tentatives de coups d’éclat militaires face à Tlemcen. Durant les deux périodes de déclin, la pratique de la course se développe, tant dans le nord, dans les environs de Tanger et Ceuta, que sur la côte atlantique.
En 1399, alors que le Maroc est en proie à une anarchie des plus totales, le roi Henri III de Castille arme une expédition navale destinée à annihiler la pratique de la course depuis Tétouan. En fait, la ville est non seulement mise à sac mais également totalement vidée de sa population (la moitié est déportée en Castille). En 1415, c’est au tour de Ceuta de tomber aux mains des navires de Jean Ier, roi du Portugal, lui aussi en croisade contre la course.
La dynastie mérinide connait un tragique déclin41. Abu Said Uthman ben Ahmad dit Abu Said succède à Abu Amir Abd Allah dans des circonstances troubles. Prince taciturne, il se tourne à nouveau vers Tlemcen. Mais le vent a tourné et Abou Malek, souverain abdalwadide, pétri de haine à l’encontre des maîtres de Fès, parvient à prendre la ville et impose un souverain fantoche. Les documents concernant cette période sont très flous et se contredisent. Toujours est-il que Abu Muhammad Abd al-Haqq succède à Abu Said alors qu’il n’a qu’un an (1421). Cette accession au trône appela bien sûr une régence. Les vizirs wattassides s’avèreront incontournables.

Au cours des croisades

Le califat almohade, sous le règne d'Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, établit un partenariat stratégique avec l'Égypte du sultan Saladin. Le point d'orgue de cette relation est l'ambassade d'Abou al Harith Abderrahman Ibn Moukid envoyé par Saladin auprès de la cour de Marrakech. Cette mission se concrétise par la participation de la flotte marocaine aux opérations maritimes contre les Croisés (sur les côtes du Proche-Orient et en mer Rouge). Lors de la prise de Jérusalem par Saladin en 1187, l'établissement de Marocains y a augmenté36. Ils établirent ainsi un quartier qui porte le nom de « Quartiers des Marocains », détruit en 1967 ; des Palestiniens descendent de ces Marocains installés en Terre sainte36.